En me déposant sur le lit je me suis dit, mmmm il est vraiment mou… je risque de mal dormir. J’avais tellement tort encore une fois! Le petit lit simple était d’une molesse enveloppante mais dure en même temps.
Pas facile d’expliquer ce concept mais je peux vous garantir que j’ai tellement bien dormi!!
Après le souper, nous nous sommes retrouvées, toutes tranquilles, dans notre chambre à relaxer et lire/écrire selon la fille qu’on regarde. Dodo tôt, l’atmosphère moniale est apaisant et sécurisant. Le froid arctique aussi nous donne le goût de se recroqueviller dans notre belle grosse doudoune.
Les toilettes sont communes et les douches aussi. Mais il y en a suffisamment pour que nous n’ayons pas attendre du tout. Et la douche est bonne.
Notre chambre est au bout du très très long corridor. Parfait! Je me suis dit, la motadite paix! Mais en même temps, pas mal loin des toilettes, zut! Cawo, la petite visite de nuit aux toilettes… va falloir prendre une marche tsé.
Levée vers 7hres ce matin. On relaxe un peu puis déjeuner tranquille dans le magnifique Vivoir dont je vous ai parlé du concept hier.
Alors voilà, petit déjeuner, en silence svp pour recréer les habitudes des soeurs cloîtrées qui ne parlaient pas lors des repas.
On prend notre temps, c’est bon cette ambiance tranquille, surtout qu’on peut demander un allongé au lieu de boire l’infection café filtre (par définition, un café filtre, c’est infect… évidemment, c’est mon opinion).
Nous avions comme plan d’aller tranquillement marcher jusqu’à la terrasse Dufferin. Question de profiter de notre présence hâtive dans la vieille ville. Nous nous sommes armées de notre gros kit d’hiver et de notre courage pour affronter les -30 degrés matinaux (pas de tragédies grecques avec moi svp, le facteur vent, ressenti, exponentiel, je n’en ai cure!)
-30 c’est bien assez merci pour distinguer les initiés des néophytes! Pour cause, nous nous sommes arrêtées à ce petit cafe sur la côte de la fabrique et nous avons vu une famille complète arriver en gilet, sans tuque! -30… ils sont faits forts ou leur hotel est juste à côté (j’opte pour la deuxième reponse).
Donc nous ne sommes pas allées sur la terrasse Dufferin. Le vent sur la côte nous donnait un aperçu de ce qui nous attendait. On y tenait pas tant que ça à la vue finalement.
Rvs à 10:30 avec Richard, le guide du musée, pour une visite du site et de l’histoire de ces femmes exceptionnelles et surtout de leur dévouement aux soins des pauvres.
Car telle était la vocation de ces femmes cloîtrées. Le soin des pauvres, à l’hôpital Hotel Dieu, le plus vieille hopital en Amérique du Nord. Le soin des gens qui n’avaient pas les moyens de se payer un médecin.
Comment prodiguaient-elles leur soin? Le dévouement, l’hygiène, l’alimentation et la prière. Le ratio de soeurs par patient? Une pour un! Wow! Et le ratio de réussite? 9 sur 10!! Wow!! Et la durée moyenne des séjours? 40 jours approx! Tant que le patient ne mangeait pas 3000 calories par jour!
Elles requinquaient ces gens et leur inculquaient des principes d’hygiène de base qui devaient perdurer par la suite.
Ces femmes qui mangeaient en silence, se faisaient raconter les faits des saints, comme un teleroman qui durait plusieurs repas. Pas la bible et ses paraboles acrobatiques!
Ces femmes travaillaient d’arrache pied auprès des patients pour certaines, aux champs, aux herbes médicinales, aux animaux de la ferme, à la boucherie, boulangerie etc, vous avez compris le topo. Non seulement elles devaient être autonomes pour elles mais aussi pour leurs patients. Tout ce qu’elles donnaient au patients venaient de leur production!
J’ai su qu’à une époque, elles étaient plus de 300!! Une vraie ruche, où toutes les abeilles ont un rôle spécifique et critique.
Elle est ont défriché le terrain où elles ont installé le monastère, elles ont dû vivre avec le quartier général des anglais pendant 25 ans, elles ont vécu plusieurs grands incendies dont un qui a tout détruit. Donc elles ont tout reconstruit. Elles ont tout consigné des malades accueillis, des enfants abandonnés et donnés en adoption, des soins prodigués, des réussites et des décès. Tout tout consigné tout! Leurs archives sont consultés au quotidien par des chercheurs de partout dans le monde!
Wow! Ces Augustines m’ont renversée complètement! Et je vais continuer de venir ici pour continuer à en apprendre sur elles. En effet, Sacha et moi avons décidé de créer une nouvelle tradition, celle de venir ici, en séjour de 1-2 nuit, une fois par année, en février.
Nous somme maintenant à la fin de notre séjour, assises au Vivoir, à relaxer après un excellent repas. Cet endroit est tellement accueillant et apaisant! Prescription à tous: réservez sans plus tarder!
Points d’observation en vrac:
Y a des gars dans la place! Ben oui, c’est normal puisque ce n’est plus un monastère vous me direz! Mais c’est bizarre pareil!
Les soeurs ont voté dans les années 1900, 1 jour de congé par année. La motion est passée. Vraiment, du grand luxe….
Nous avons vu plusieurs personnes en retraite silencieuse. Je me demande comment ça fonctionne? Est-ce une retraite où on cesse de communiquer ou une retraite ou on cesse de faire du bruit avec sa bouche (ie parler)? À investiguer
Epilogue: je suis complètement flabberguastée par ces femmes et l’oeuvre qu’elles ont créé et qui se perpétue dans cet établissement magnifique. J’ai déjà hâte d’y revenir! Comme quoi, le dépaysement peut n’être qu’à 15 minutes en autobus!





